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Du château de Crèvecoeur aux douanes d'Abbeville
Jules-Armand Guillaume Boucher de Crèvecoeur, né le 27 juillet 1757 à Paray le Monial est issu d'une noble lignée champenoise remontant aux Croisades. Comme tout noble, il devait être destiné à être homme de guerre mais au lieu de cela, il choisit d'être collectionneur , naturaliste et fonctionnaire des Douanes.
Marie de Perthes est née à Crépy en Valois, elle est la fille unique de Jean-Charles de Perthes, conseiller de Roi et avocat au bureau des finances de Soissons. Elle est une lointaine descendante de Marguerite Romée, cousine de Jeanne d'Arc.
De leur union en 1787 va naître sept enfants.
Le premier s'appelle Jacques, il naît le 10 septembre 1788 à Rethel.
La Révolution éclate et Jules-Armand Guillaume perd une partie de sa fortune et ses titres, il se retire au château de Crèvecoeur, la demeure de ses ancêtres et devient le simple et modeste citoyen Boucher. C'est alors qu'on lui propose une place de régisseur des Douanes à Abbeville. Le petit Jacques a alors 4 ans lorsqu'il vient s'installer dans la capitale du Ponthieu. Effrayé par les bouleversements de la Révolution, les mots d'échafaud et de guillotine, il refusera par la suite le patronyme de Crèvecoeur pour adopter le seul patronyme de sa mère, c'est décidé: il s'appellera désormais Jacques Boucher de Perthes.
Très mauvais élève aux résultats désastreux, son père le retire de la pension à 14 ans et le destine aux douanes. Autodidacte, il apprend la musique, le théâtre, la poésie notamment en Italie ou Napoléon en personne le charge d'une mission douanière. C'est avec l'uniforme de lieutenant des douanes qu'il part à Gênes pour contribuer à l'organisation du blocus continental. Nous sommes en 1805, il n'a même pas 20 ans.
En 1811, 6 ans plus tard, Boucher de Perthes est rappelé en France et devient sous chef du personnel de la direction générale des douanes.
En 1813, c'est le déclin de la grandeur impériale, l'effondrement de l'Empire, Paris capitule et Louis XVIII devient Roi de France. On lui reproche alors son Bonapartisme et son soutien à l'Empire, il faut dire que grâce à Napoléon, il aura eu l'occasion de toucher à plein de domaines et surtout devenir l'amant de la princesse Pauline Borghèse, la sœur de ce dernier. Il est donc sommé d'exercer en Province et non plus à Paris, il est envoyé à La Ciotat puis à Morlaix en 1816.
De déboires sentimentaux en déboires sentimentaux, désabusé de sa jeunesse tumultueuse entre princesses et marquises, il ne trouve jamais femme avec qui fonder un foyer et se plonge dans l'écriture. En avril 1825, Boucher de Perthes est définitivement nommé à la direction des douanes d'Abbeville. Il y revient donc le 12 juin 1825, après 20 ans d'absence comme successeur de son père.
Un écrivain complet
Du pamphlet à la chansonnette, de la tragédie au traité de métaphysique, romans, satires, contes, récits de voyage, mémoires, Boucher de Perthes se révèle être très complet en matière d'écriture. Nous retiendrons surtout en ce qui nous concerne " Antiquités celtiques et antédiluviennes" en trois volumes (1849-1857-1864), "L'homme antédiluvien et ses œuvres" (1860) et " la mâchoire de Moulin-Quignon" (1864).
Casimir PICARD
C'est au sein de la Société d'Emulation d'Abbeville que Boucher de Perthes fit la connaissance de Casimir Picard, né à Amiens le 16 décembre 1806, médecin passionné de sciences naturelles et de botanique, devenu membre de la SEA alors que Boucher de Perthes en était le vice- président. Les deux hommes vont se lier d'une profonde amitié et fondent ensemble le Musée d'Abbeville et du Ponthieu où sont réunis tous les objets d'art d'histoire naturelle et d'antiquités recueillis dans le département.
Casimir Picard devient archiviste de la société en 1837 mais malheureusement, atteint de phtisie, il meurt le 13 mars 1841 à l'âge de 34 ans. Toutefois, lors de sa jeune vie bien remplie, il fit quelques découvertes essentielles de ce qui allait devenir plus tard " LA PREHISTOIRE", notamment:
Dans la do.uleur du deuil, Boucher de Perthes décide alors de continuer les recherches de son collaborateur et ami ce qui le mena à fonder officiellement la préhistoire comme science.
Les premières découvertes
Les premières vraies recherches de Boucher de Perthes commencent l'été 1837 aux remparts de la Portelette. Mais déjà en 1832, lors du terrassement permettant de mettre en fonction le canal de transit, sous les remparts allant de la porte d'Hocquet à la porte de Rouen, deux haches celtiques ont été découvertes , deux haches polies avec leur gaine en corne de cerf. Ainsi qu'une gaine en bois de cervidé retrouvée près de Saint Jean des Prés. Mais ces fouilles n'ont pas été suivies.
Les fouilles de la Portelette marquent le début de la grande collection de Boucher de Perthes. De là, toute une série de découvertes vont suivre: outils de pierre, poteries, ossements, restes de sangliers, d'aurochs, de cheval, crâne humain, sépultures...
Encouragé, Boucher de Perthes s'attaque ensuite à d'autres fouilles sur Menchecourt où nombre de haches néolithiques en silex taillées vont voir le jour.
Nous sommes maintenant en 1844, Boucher de Perthes a déjà sondé le faubourg Saint-Gilles et le moulin Quignon. Il s'attaque ensuite à un gisement situé derrière l'hôpital appelé le "banc de l'hôpital" ( à savoir qu'à cette époque était nommé l'hôpital l'établissement qui est devenu par la suite l'hospice général Dumont). Ce gisement met au jour une hache "brisée", un biface de patine jaunâtre dont la brisure est manifestement ancienne et différente des haches celtiques trouvées jusque là, ainsi qu'une molaire d'éléphant ...
Les découvertes de Boucher de Perthes vont être très souvent décriées ou reconnues comme fausses ou erronées. Celui-ci aurait-il été emporté par la passion ? Toujours est-il que bon nombre de silex taillés s'avèrent être d'élaboration récente et non datant d'une époque lointaine. Parmi elles, la mâchoire du "moulin Quignon" et son procès en 1863. Il s'avère que cette fameuse mâchoire fut une fausse, travaillée par ses carriers en échange de la somme de 200 Frs.
Cela dit, une découverte en Dordogne en 1864 d'un mammouth gravé dans une défense d'ivoire par des hommes préhistoriques et la découverte d'ossements d'éléphant au niveau de la roche de Solutré en 1866 vont alors réveiller l'intérêt des recherches de Boucher de Perthes et l'importance de son œuvre peu de temps avant son décès.
C'est à l'hôtel de Chepy, son hôtel particulier d'Abbeville que fut stocké le maximum de sa collection: objets préhistoriques, peintures faïences, meubles anciens ... Et en 1834, le musée d'Abbeville et du Ponthieu est fondé en collaboration avec Casimir Picard.
" Mais le 20 mai 1940, Rommel et ses blindés, pour franchir la Somme en une offensive éclair, martelèrent la ville avant d'achever leur œuvre en l'incendiant. Les vieux hôtels de la vieille cité furent réduits en miettes, le musée Boucher de Perthes et la statue du savant, qui se trouvait place du Pilori furent complètement détruits." ( extrait de Jacques Boucher de Perthes )
Dans la rue Boucher de Perthes, au matin du 21 mai 1940, on pouvait voir le musée bruler, en deux jours, tout fut calciné, les 6 000 silex extraits des carrières environnantes furent réduits en mette et mêlés aux décombres.
La fin de sa vie et son monument.
Lorsqu'il est enfin reconnu comme l'un des préhistoriens les plus réputés, la fin de sa vie est toute proche. Il écrit un testament léguant ses collections à différents musées et sa maison, ses meubles à la ville d'Abbeville. Il écrit également vouloir être enterré au cimetière de La Chapelle à Abbeville léguant la somme de 10 000 Frs afin d'élever un monument funéraire " simple mais durable". Celui-ci est l'œuvre du sculpteur Nadaud et laisse apparaître sur son socle les armes de sa famille et gravés dans la pierre les titres de ses œuvres.
Le 07 juin 1908, la SEA lui rend hommage en faisant ériger une statue en sa mémoire place du pilori. Malheureusement, celle-ci fut enlevée par les allemands en 1942, afin d'aller se faire fondre, tout comme d'autres statues abbevilloises.
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