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L’église Saint-Jacques, telle qu’on la connaissait était déjà la troisième du nom. En effet, une première église existait déjà au XIIème siècle, reconstruite en 1482, démolie au XIXème siècle pour être réédifiée juste après et enfin abattue en 2013.

Retour sur une malédiction, celle de Saint-Jacques….

Les toutes premières traces de cette église, faite de grès et de briques très solide se retrouvent en 1136 lorsque l'église initiale était alors construite extra-muros comme le relate Hermant dans " Histoire du Ponthieu". Ses fondations ont été découvertes en 1868 lors de l'édification de la troisième église du nom.

Cette première, donc, est démolie et une autre église plus grande, composée de trois nefs voûtées en bois voit le jour en 1482. A cette époque, le clocher est alors séparé du corps de l'église elle même et contenant 10 cloches dont l'une était la plus grosse de la ville.

st jacques Ab P47.JPG                  st jacques Ab P48.JPG

En 1736, elle fut descendue du clocher et exposée de façon à inciter les fidèles à faire un don dans l'espoir d'une refonte puisque celle-ci était fendue, datant probablement de la construction du clocher, c'est-à-dire fin XVème siècle. Elle fut effectivement refondue et rénovée en 1737.

     " L'an 1737, j'ai été bénite par Me Louis de Valois, licencié en théologie, curé de cette église paroissiale de Saint-Jacques. Je suis nommée Jacqueline et j'ai été refondue des dons et libéralités des paroissiens et de la confrérie du Saint-Esprit érigée en cette église. Mr Jacques Homassel, administrateur de ladite confrérie, Louis Le Guay, natif de Paris et fondeur d'Abbeville m'a faite."

L'histoire de Jacqueline ne fait alors que commencer. Quatre jours après sa bénédiction, un violent orage vient frapper le clocher....

Lors de la Révolution, une émeute populaire s'oppose à la descente de Jacqueline hors de son habitacle.

Entre temps, dans l'église elle-même:

  • En 1737, on supprime trois autels:
  1. Celui de Notre-Dame de Boulogne au début du chœur, celui même qui soutient le christ.
  2. Celui de Saint Marcoul en vis à vis,
  3. Celui de Notre Dame de la Pitié, situé plus haut dans la nef "troisième pilier" d'après Prarond.
  • En 1747, réparations au niveau de la Sacristie qui fut en premiers lieux une chapelle ouverte.
  • En 1752, suppression du Saint-Sépulcre afin de livrer plus de places aux fidèles.
  • En 1773, l'église subit de gros dégâts. En effet, à cette époque, Abbeville et tout particulièrement le quartier Saint-Jacques, est très souvent submergée par les eaux de la Somme. Le cimetière attenant encore à l'église est très souvent rempli d'eau et nécessite maintes et maintes réparations. Durant l'hiver 1798-1799, le dégel amena des inondations telles que la paroisse fut en partie submergée et on ne pouvait alors y circuler qu'en bateau. En février 1823 encore, une partie de la ville est inondée forçant les habitants du quartier Saint-Jacques à se réfugier au premier étage de leur habitation. Ces inondations à répétition n'ont cessées que lorsque l'écluse de Saint Valéry fut établie et le canal de transit d'Abbeville ouvert.

Il n'empêche que l'église se délabrait petit à petit et se tassait. Le cimetière a été supprimé pour créer la place Saint-Jacques, l'église donnant de plus en plus aux habitants l'impression de s'enfoncer dans le sol marécageux.

En septembre 1868 commencèrent les travaux de la nouvelle église. Le vieux clocher a été démoli, Jacqueline et ses sœurs sonnent à nouveau dans le nouvel édifice dont la première pierre est posée le 4 mai 1870. 

De style néo gothique, Saint-Jacques est alors consacrée une nouvelle fois en 1875. Son architecture et ses lignes fines en font une des plus belles églises de la Somme mais qui ne sera, pour son malheur, jamais répertoriée, ni classée.  Ses architectes Victor Delefortrie (1810-1889) originaire de Lille et son fils Paul (1843-1910), né à Tourcoing, sont deux références en matière d'architecture d'édifice dans la seconde moitié du XIXème siècle.

Lors de la Première Guerre Mondiale, Saint-Jacques n'est pas touchée mais des explosions font éclater les vitraux. La municipalité de l'époque décide sa réparation (181 Frs).

En 1937, la messe jusque là dite en latin est désormais dite en français ce qui correspond à un véritable chamboulement pour l'époque.

1939: la Seconde Guerre Mondiale éclate. Par bonheur, l'église n'est que très peu touchée, c'est ce qui fera son malheur par la suite .

Abbeville est détruite en quasi totalité, il faut reconstruire dans l'urgence. Saint-Jacques est alors laissée de côté, elle n'est pas une priorité majeure. Mais elle se dégrade de plus en plus, les intempéries l'abiment, comme cette tempête de décembre 2004 qui fait chuter un élément du clocher, qui perce alors la couverture de la nef. Le coût de la restauration est beaucoup trop élevée pour une municipalité déjà endettée. Au printemps 2011, elle s'est encore dégradée, ce qui amène le conseil municipal a voté sa démolition en février 2013.

La population abbevilloise se mobilise espérant sauver ce qu'il reste encore à sauver, s'insurgeant contre certaines méthodes hâtives de destruction visant à détruire vite l'église sans extraire l'orgue, la cloche et la quasi totalité du mobilier. Finalement, une partie du mobilier est déposé au Musée Boucher de Perthes, l'orgue de 1906, un Mutin Cavaillé-Coll va certainement trouver refuge dans la Collégiale Saint-Vulfran et Jacqueline a été extraite une nouvelle fois de son clocher, définitivement, en attente d'être classée à l'inventaire des Monuments Historiques. Une autre cloche a été sauvée in-extremis d'une vente aux enchères à l'hôtel Drouot à Paris par la municipalité.

Le corps de l'abbé Paillart, ainsi que deux autres prêtres reposant sous le chœur de l'église ont été exhumés pour retrouver une nouvelle sépulture.

Une nouvelle place Saint-Jacques prend alors forme. Il s'agit d'un square avec un parterre engazonné qui recouvre l'emplacement de l'église, reprenant sa forme et son orientation, les deux allées formant une croix. A l'emplacement du chœur, un mémorial en hommage aux anciens combattants et à Achille Paillart, prêtre à l'origine de la reconstruction de l'église. Une petite fontaine prend la place du maître autel.

Ainsi se termine de nos jours la malédiction de Saint-Jacques. Devait-il vraiment y avoir une église à cet emplacement? Le destin pensait probablement que non ....

saint-jacques.jpg


Date de création : 05/03/2017 23:17
Catégorie : Patrimoine - Eglises
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Réactions à cet article

Réaction n°3 

par sueur_catherine le 13/12/2020 13:21

quelle tristesse pour ABBEVILLE de cette église détruite .

Cette église remplacée par une église ouverte et c est pas pareil. 

L accoustique de cette église était très bon avec l harmonium . 

Pourquoi les ABBEVILLOIS l ont ils abandonnée et ignorés quand elle a eu besoin de reparations dès le début.?

                                         ABBEVILLE EST LA VILLE DES EGLISES 

P S : Combien couterait sa reconstruction  pour en faire un lieu musical et de culte comme les projets précédents de Maitre HURE?   


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